C’est un désir profond d’avoir une peau moins foncée, parfois même plus claire que celle du départ. Une tendance qui a pris d’assaut le continent africain, il y a quelques décennies. Certains l’associent à du mimétisme, à de l’ambition démesurée ou à des caprices. Mais le mal est bien plus profond ! La dépigmentation volontaire est un véritable fléau, une gangrène, une bombe à retardement, une forme de colonisation de l’esprit et de la mentalité. Il faut être claire pour être remarquée, pour être belle ou même pour avoir un foyer.
Plus loin encore, les femmes africaines souffrent du complexe lié au teint, comme quoi les plus claires sont plus attrayantes et dignes d’intérêt.
Les clichés font légion et aujourd’hui, il ne s’agit plus du péché de la femme dépigmentée mais de toute une société qui fixe des standards de beauté très peu raisonnable.
La dépigmentation volontaire de la peau est le signe d’un mal être profond dont nous nous doutons.
La teinte naturelle de la peau noire est caractérisée par une forte sécrétion de la mélanine. Ce pigment est de plus en plus abondant chez les personnes ayant une peau noire, mate ou métissée. Cette même mélanine confère le noir vif ou non au teint. La dépigmentation interviendra donc dans le cas où toute cette mélanine est éliminée à l’aide de produit blanchissant, décapant et inversant donc l’ordre normal des choses.
La mélanine reste pourtant l’une des meilleures barrières protectrices de la peau noire contre les agressions extérieures, les maladies liées à la peau et même contre celles qui peuvent agir sur l’organisme.
C’est pourtant l’ennemi à abattre. L’élément de trop, celui qui crée la gêne et qui crée un complexe d’infériorité dans le rang des femmes qui en possèdent.
Causes
Les personnes qui souhaitent s’éclaircir sont motivées par différents facteurs. Les raisons varient d’un individu à un autre.
Une volonté de plaire
Les femmes africaines à la peau sombre, foncée ont envie de plaire, de paraître, d’être vue et remarquée. Selon la mentalité de la société, la carnation claire est plus attirante. Elle connaîtrait d’ailleurs plus de succès auprès des hommes. C’est donc plus facile de se trouver un conjoint en étant un peu moins foncée.
Les stéréotypes
Longtemps au cinéma, les femmes ayant la peau plus foncée ont été reléguées au second plan. Elles ne décrochaient que les seconds ou ‘’vilains’’ rôles. Victimes de discrimination, de marginalisation et ne se rapprochant pas de l’idéal de beauté. Très peu de femmes à la peau foncée pouvaient poser pour des magazines de luxe, des marques ou même apparaître sur les chaînes de télévision.
Sous d’autres cieux, avoir la peau noire pourrait vous disqualifier dans la course à l’obtention d’un emploi, d’un logement ou de quelques privilèges que ce soit.
La publicité à travers les femmes claires de peau, aguichantes, présente les produits cosmétiques dépigmentants et pousse les femmes à acheter ces produits pour avoir un teint clair et lumineux. Par ailleurs, des jeunes femmes s’identifient aux stars des magazines de mode, aux modèles de produits cosmétiques.
Les motivations liées à ce choix restent également historiques, socio-anthropologiques, esthétiques, psychologiques et même médicales. La peau claire est souvent assimilée à la beauté et à l’élégance. La peau noire quant à elle représente le démon, le deuil, la saleté. Beaucoup de femmes noires sont alors jugées et pointées du doigt pour leur couleur de peau. Le besoin devient alors éminent pour celles atteintes : il faut s’éclaircir le plus vite possible.
Dans cette situation, ce n’est pas de la peau noire dont elles veulent se débarrasser mais des connotations négatives qu’elle véhicule.
Une addiction
La dépigmentation volontaire de la peau se manifeste également comme une drogue. Quand on y a touché une fois, il est difficile de s’en passer. Il naît un besoin permanent de briller, d’être encore et beaucoup plus claire.
Une femme claire cherchera donc par tous les moyens à garder sa nouvelle carnation. Elle se donnera donc les moyens de produits de plus en plus coûteux, de pratiques de plus en plus douteuses et de traitements aussi toxiques que dangereux.
Les produits classés toxiques pour votre peau
Le marché illégal des produits « faits maison » prend de plus en plus de l’ampleur. Les chimistes sans diplôme proposent des produits défiants toute concurrence. Les techniques pour obtenir une peau claire passent également par des injections, des sérums, des pilules, des compléments alimentaires. Tous les moyens sont bons pour faire couler la mélanine.
Si vous n’êtes pas habités par la volonté de décaper votre peau, faites attention à ces produits bon marché et sans aucune autorisation médicale.
Dès que vous avez comme composants :
- de l’hydroquinone,
- des corticoïdes (tels que la bétaméthasone ou le clobétasol)
- des dérivés mercuriels
évitez d’utiliser ses produits sur votre peau.
Méfiez-vous également des produits vendus à la sauvette et sans étiquetage dont les composants ne sont pas visibles.
Autres produits utilisés
- le Glutathion
- les produits caustiques (liquide vaisselle, dentifrice, défrisants, cristaux de soude, ciment, acide de batterie ).
Conséquences
La dépigmentation a pris une ampleur colossale. Les produits inondent le marché. Il y en a autant qu’il y n’y a de grain de riz dans un sac. En Afrique, différentes enquêtes estiment que le taux de dépigmentation serait entre 25%, et plus de 60%, voire 70% dans plusieurs pays. Le marché est vaste et s’accroît de jour en jour. Les panneaux publicitaires abondent les rues, la publicité s’incruste sur toutes les chaînes et sur les réseaux sociaux.
Parallèlement, les conséquences se font remarquer. Entre la fragilisation de la peau, l’apparition des vergetures, le développement du cancer de la peau, il y a une longue liste d’effets nocifs.
La dépigmentation volontaire de la peau peut être fatale. Des femmes enceintes meurent en pleine césarienne parce qu’ayant une peau fragilisée par les produits et donc difficile à recoudre. L’épiderme est également affecté et affiné ce qui crée une lenteur dans la cicatrisation.
Les maladies liées à la dépigmentation
Les risques liés à la dépigmentation ne se présentent pas du jour au lendemain. Il y a des produits décapants à effet immédiat. Par contre, d’autres prennent du temps avant de dérouler leur lot de maladies et de complications.
Les complications les plus fréquentes
- apparition ou aggravation d’infections de la peau (gale, mycoses, infections bactériennes…) pouvant être très sévères
- apparition ou aggravation d’une acné parfois très sévère
- vergetures larges, très inesthétiques et irréversibles
- difficulté de cicatrisation
- amincissement de la peau à l’origine de problèmes de cicatrisation
- troubles de la pigmentation parfois définitifs (apparition de « taches » claires ou foncées )
Autres maladies
- Risque accru d’hypertension artérielle
- diabète
- Tumeurs cutanés : carcinomes cutanés
- Syndrome de Cushing
- complications rénales et neurologiques
- la mort précoce
La dépigmentation volontaire de la peau engendre à court, moyen et long terme, chez les femmes, des complications allant des troubles cutanés à la mort.
Réussir à dire stop aux produits éclaircissants s’avère être une décision difficile. Le marché est inondé et le mal est bien plus profond et plus résistant. La dépigmentation se manifeste comme une drogue psychologique et physique.
Ce sujet ne cessera de faire couler d’encres et de salives.
